Le guide suprême Ali Khameneï a peu de raisons de pavoiser. La large victoire du réformateur Rohani est un désaveu pour lui et les tout puissants gardiens de la révolution. La majorité des Iraniens souhaitent plus que jamais un changement.
De notre envoyé spécial à Téhéran,
«Rohani! Rohani!», scandaient la nuit dernière des milliers d'Iraniens descendus dans les rues de Téhéran pour fêter la victoire à la surprise générale de leur candidat, le réformateur Hassan Rohani.
La théocratie iranienne a redoré une partie de son blason. Quatre ans après la mascarade électorale qui avait vu les Iraniens dépouillés de leur vote en faveur du réformateur Hussein Moussavi, cette fois, la voix du peuple a été entendue. Le régime - c'est-à-dire le guide suprême Ali Khameneï - n'a pas voulu maquiller les résultats. Certes, des candidats dérangeants avaient été écartés de ce scrutin - comme l'ancien président Hashémi Rafsandjani - mais le vote n'a pas été verrouillé, contrairement à ce qui a été souvent dit. La république islamique a montré qu'elle savait encore préserver une alternance. De quoi faire rougir les dirigeants des monarchies arabes du Golfe, grands donneurs de leçons en matière de démocratie, notamment en Syrie.
Même si le guide suprême assure qu'il s'agit avant tout d'une victoire du régime iranien, Ali Khameneï a peu de raisons de pavoiser. La large victoire du réformateur Rohani est un désaveu pour lui et les tout puissants gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, qui appuyaient le conservateur Saïd Jalili. Avec plus de 50% des suffrages en faveur de Rohani - plus une bonne partie des 30% d'abstentionnistes - la majorité des Iraniens souhaitent plus que jamais un changement, davantage de libertés, et que leur dirigeants en finissent avec une confrontation avec l'Occident porteuse de tous les maux pour leur économie, dévastée par les sanctions internationales imposées à l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé.
Un antagonisme marqué entre les deux principaux personnages de l'Etat - comme ce fut le cas durant les deux présidences du réformateur Mohammed Khatami entre 1997 et 2005 - s'avère en effet contre productif, suscitant finalement la déception de tous ceux qui réclament un changement rapide et drastique. Or Hassan Rohani ne sera pas l'homme de la rupture avec un système révolutionnaire, dont il est issu.
Quitte à décevoir certains de ses partisans, Rohani n'affrontera probablement pas le guide sur la question de la libération de Hussein Moussavi et Mehdi Karroubi, assignés à résidence après depuis le scrutin présidentiel de 2009, dont peu de portraits étaient brandis par les jeunes qui défilaient samedi soir dans les rues de Téhéran. Il sera en revanche attendu sur la libération des nombreux opposants emprisonnés ces dernières années par le régime. Or le nouveau président a une marge de manœuvre réduite par la Constitution. Rohani va également devoir affronter un parlement conservateur ainsi qu'un système judiciaire tenu par les durs du régime.
Pour desserrer l'étau des sanctions, réduire l'inflation et relancer l'industrie, Rohani n'a pas d'autre choix que d'aboutir à un arrangement avec les Occidentaux sur le nucléaire. Celui-ci est encore lointain. Reste qu'avec lui, le discours va-t-en guerre et négationniste de l'Iran devrait reculer - ce qui privera Israël d'un levier (d'où la première réaction de l'état hébreu minimisant le rôle de Rohani sur le dossier nucléaire). Avec lui, les Américains, partenaires privilégiés des Iraniens pour négocier un arrangement, pourront trouver un interlocuteur pour des contacts directs. L'espoir est permis, mais la route du changement est encore longue en Iran.
«Rohani! Rohani!», scandaient la nuit dernière des milliers d'Iraniens descendus dans les rues de Téhéran pour fêter la victoire à la surprise générale de leur candidat, le réformateur Hassan Rohani.
La théocratie iranienne a redoré une partie de son blason. Quatre ans après la mascarade électorale qui avait vu les Iraniens dépouillés de leur vote en faveur du réformateur Hussein Moussavi, cette fois, la voix du peuple a été entendue. Le régime - c'est-à-dire le guide suprême Ali Khameneï - n'a pas voulu maquiller les résultats. Certes, des candidats dérangeants avaient été écartés de ce scrutin - comme l'ancien président Hashémi Rafsandjani - mais le vote n'a pas été verrouillé, contrairement à ce qui a été souvent dit. La république islamique a montré qu'elle savait encore préserver une alternance. De quoi faire rougir les dirigeants des monarchies arabes du Golfe, grands donneurs de leçons en matière de démocratie, notamment en Syrie.
Même si le guide suprême assure qu'il s'agit avant tout d'une victoire du régime iranien, Ali Khameneï a peu de raisons de pavoiser. La large victoire du réformateur Rohani est un désaveu pour lui et les tout puissants gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, qui appuyaient le conservateur Saïd Jalili. Avec plus de 50% des suffrages en faveur de Rohani - plus une bonne partie des 30% d'abstentionnistes - la majorité des Iraniens souhaitent plus que jamais un changement, davantage de libertés, et que leur dirigeants en finissent avec une confrontation avec l'Occident porteuse de tous les maux pour leur économie, dévastée par les sanctions internationales imposées à l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé.
«Rohani saura gérer le guide»
Le religieux Rohani peut-il incarner cette vaste aspiration? Beaucoup va dépendre de sa relation avec le guide, qui est le vrai décisionnaire sur tous les grands sujets stratégiques (nucléaire, diplomatie, sécurité). L'avantage de Rohani est qu'il serait «guido-compatible» avec Khameneï, contrairement à d'autres dirigeants réformateurs, comme Rafsandjani et Moussavi notamment. «Rohani saura gérer le guide», assure l'ancien ambassadeur de France en Iran, François Nicoullaud, qui l'a bien connu.Un antagonisme marqué entre les deux principaux personnages de l'Etat - comme ce fut le cas durant les deux présidences du réformateur Mohammed Khatami entre 1997 et 2005 - s'avère en effet contre productif, suscitant finalement la déception de tous ceux qui réclament un changement rapide et drastique. Or Hassan Rohani ne sera pas l'homme de la rupture avec un système révolutionnaire, dont il est issu.
Quitte à décevoir certains de ses partisans, Rohani n'affrontera probablement pas le guide sur la question de la libération de Hussein Moussavi et Mehdi Karroubi, assignés à résidence après depuis le scrutin présidentiel de 2009, dont peu de portraits étaient brandis par les jeunes qui défilaient samedi soir dans les rues de Téhéran. Il sera en revanche attendu sur la libération des nombreux opposants emprisonnés ces dernières années par le régime. Or le nouveau président a une marge de manœuvre réduite par la Constitution. Rohani va également devoir affronter un parlement conservateur ainsi qu'un système judiciaire tenu par les durs du régime.
Pour desserrer l'étau des sanctions, réduire l'inflation et relancer l'industrie, Rohani n'a pas d'autre choix que d'aboutir à un arrangement avec les Occidentaux sur le nucléaire. Celui-ci est encore lointain. Reste qu'avec lui, le discours va-t-en guerre et négationniste de l'Iran devrait reculer - ce qui privera Israël d'un levier (d'où la première réaction de l'état hébreu minimisant le rôle de Rohani sur le dossier nucléaire). Avec lui, les Américains, partenaires privilégiés des Iraniens pour négocier un arrangement, pourront trouver un interlocuteur pour des contacts directs. L'espoir est permis, mais la route du changement est encore longue en Iran.
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